Ça bouge dans l’univers médiatique au Québec !
Au cours des derniers mois, la sphère médiatique québécoise a connu quelques soubresauts. La suppression de postes dans les médias écrits et en ligne ne date cependant pas d’hier. C’est d’ailleurs ce qu’a noté le Centre d’études sur les médias (CEM) de l’Université Laval dans son « État des lieux 2020 ».
En effet, le CEM rapporte que les effectifs journalistiques ont diminué de 10 % entre 2006 et 2016. Par ailleurs, on compte plusieurs pertes d’emplois dans le milieu médiatique en raison des compressions budgétaires occasionnées par la pandémie au cours de la dernière année.
La crise des médias traditionnels était déjà bien amorcée et ces derniers tentent depuis plusieurs années de se réinventer. À présent, non seulement les médias traditionnels écopent, mais les médias numériques souffrent eux aussi de la baisse d’effectifs et de la concurrence du milieu.
C’est la fin pour HuffPost Québec
Après environ 10 ans de loyaux services, le HuffPost Québec et le HuffPost Canada ont cessé leurs activités le 9 mars dernier. En ligne depuis 2011 au Canada et 2012 au Québec, ces médias (ainsi que toute la bannière HuffPost) avaient été achetés par la compagnie américaine BuzzFeed à l'automne 2020.
Les pertes financières sont au cœur de la décision prise par BuzzFeed, qui a connu un important déficit en 2020. La société avait d’ailleurs annoncé près d’une cinquantaine de suppressions de postes aux États-Unis. Au Canada, ce sont 23 employés qui ont perdu leur poste au sein de ce média d’information, dont cinq au Québec.
Restructuration majeure chez CJAD
Gros joueur dans le monde du « Talk Radio » anglophone au Québec depuis 75 ans, CJAD a aussi été au cœur d’importantes restructurations amorcées par Bell Media. En ondes depuis 1945, la chaîne radio était passée entre les mains de Bell en 2013 lors de l’achat d’Astral Media.
Bell Media a licencié tous les journalistes de la station CJAD au courant de la première semaine de février. Dorénavant, la majorité du contenu, dont les nouvelles, provient de CTV. De concert avec les changements chez CJAD, des coupes ont été annoncées à la chaîne télévisée CTV au début février. En tout, ce sont près de 230 emplois de haut calibre incluant une centaine de journalistes qui ont été éliminés. On déplore également la suppression du poste de la correspondante parlementaire de CTV à Québec.
Noovo : un vent de renouveau dans l’univers médiatique
Malgré ces fermetures et coupures, un vent de renouveau souffle sur l’univers médiatique au Québec. Vous avez certainement entendu parler de l’arrivée très attendue du service d’information Noovo Info. Noovo, comme dans « nouveau ».
Bell a fait le pari d’amener du sang neuf en lançant cette chaîne qui misera notamment sur des nouvelles locales. En plus de nouvelles diffusées à la télé, Noovo détient un réseau de stations de radio.
L’émission d’information Noovo Le Fil est diffusée à la télé depuis le 29 mars 2021. Un bulletin de nouvelles national est présenté à 17 h du lundi au vendredi, puis les nouvelles régionales suivent à 17 h 30. Le soir, à 22 h, la portion allouée aux nouvelles nationales est plus brève et on met plutôt l’accent sur les nouvelles locales. De plus, la fin de semaine, un bulletin national est présenté en matinée à 9 h.
La chaîne emploie une quinzaine de journalistes à Montréal en plus d’une quinzaine supplémentaire à ses antennes de Québec, Sherbrooke, Saguenay et Trois-Rivières. Il s’agit d’une brise de fraîcheur pour le milieu considérant que les médias locaux ont été grandement malmenés ces derniers temps. En effet, l’« État des lieux 2020 » du CEM rapporte que 34 journaux hebdomadaires régionaux ont mis la clé dans la porte entre 2006 et 2016. Depuis, on déplore la perte d’une bonne dizaine d’autres hebdos en région. « Être le reflet de nos régions », c’est d’ailleurs ce que souhaite Suzanne Landry, vice-présidente au développement de contenu, programmation et information chez Bell Média.
Finalement, en plus de préconiser une approche différente, Noovo mise sur de nouvelles voix, des personnes issues de la diversité et sur de nouveaux angles. Quant à la plateforme numérique, elle sera lancée en septembre 2021.
20 ans pour le journal Métro et virage éditorial pour le 24 heures
Même si les temps sont durs pour certains journaux papier, le 1er mars dernier, le journal Métro célébrait ses 20 ans d’existence. Bien qu’au départ, on craignait que les quotidiens gratuits distribués dans le métro nuisent à la concurrence, il a vite été observé que ces journaux sont surtout lus par une clientèle complémentaire.
La pandémie de COVID-19 a cependant réduit l’achalandage dans les transports en commun : dans le métro, elle a été réduite de 74 % en 2020. C’est pourquoi la version papier du journal Métro n’est actuellement publiée que deux fois par semaine. La version numérique continue toutefois d’être lue quotidiennement par de nombreux internautes.
Même son de cloche en ce qui concerne la publication 24 heures détenue par Québecor : elle est distribuée uniquement le jeudi dans le métro depuis le 11 février. On mise dorénavant sur un format pensé à la manière d’un magazine avec des photoreportages, des portraits et des entrevues.
Souhaitant entreprendre un virage éditorial et numérique, le site Web du 24 heures et son logo ont été repensés. On table à présent sur du journalisme de solutions, sur des enjeux sociaux et locaux, voire municipaux, tout en cherchant à fidéliser un public plus jeune.
Les médias se réinventent
Heureusement, tout n’est pas noir dans la sphère médiatique au Québec. Les médias, tant traditionnels que numériques ont compris l’importance de se réinventer et de se rapprocher de leur lectorat.